lundi 26 décembre 2016

SynSyn (3) [B5]

Comme tout le monde, rentrer à pied me fait peur. Même avec un masque anti-particules fines, marcher une heure dans Paris signifie perdre une semaine d'espérance de vie.
J’avance doucement pour avoir à inspirer le moins possible. Toutes les deux minutes, je mets la main dans ma poche pour sentir si le stylo-seringue est toujours là ; cela me rassure.
Quand je passe à côté d'un groupe de sans-masque, je longe le mur et je regarde devant moi. Depuis que toutes les rues sont sous vidéosurveillance intelligente, ils ne tentent plus grand chose.
Je croise le regard d'un vieil homme au teint flétri par des années de pollution. Il me demande une cigarette.
“Désolé, je ne fume pas”, lui répondis-je tout en détournant le regard.

lundi 19 décembre 2016

SynSyn (2) [B4]


J’approche ma main pour prendre la SynSyn mais Ryan fait un pas en arrière.
“Tu lis, me dit-il fermement.
- C’est vraiment nécessaire ?
- Tu sais que ce n’est pas négociable.”
Je me tourne vers le mur, une feuille est accrochée avec du scotch.
Ryan sort de sa poche une caméra-sphère 180°. Je lis.
“Je suis conscient des risques inhérents à l’injection de SynSyn et serai pleinement responsable de tous les dommages éventuels dont je pourrai faire l’objet.”

lundi 12 décembre 2016

SynSyn [B3]

Paris, décembre 2036

Je descends dans une bouche de métro en me laissant glisser sur le tapis roulant.
Je retire mon masque anti-particules fines et le range dans mon sac à dos.
L’heure de pointe. Je double, on me double. Un couple qui se tient par la main, pour ne pas se perdre dans la foule, me bouscule.
Je passe le sas d’entrée. Ma montre émet un bip et s’illumine en rouge. Mon compte bancaire est à découvert. Les 4,90 euros ont pu être prélevés puisque le sas s’est ouvert mais ils ont creusé encore davantage mon découvert.
Je suis les panneaux de la ligne  25, qui clignotent sous mes pieds.
J’attends une minute en regardant les murs publicitaires, d’un oeil abattu. Impossible d’y échapper. Sans eux, le prix du ticket serait à 10 euros  alors personne n’y trouve rien à redire. Les portes s’ouvrent. On s’entasse.

lundi 5 décembre 2016

Le château [B2]


Il fait froid.  
Un froid sec qui m’enveloppe puis me pénètre.  
Je marche la tête haute et le regard au loin fixé sur le château.
Le soleil se couche derrière les montagnes et laisse dans le ciel sans nuage un dégradé de bleu foncé qui vire au noir profond.
De la buée sort de ma bouche alors que j’avance sur un chemin de terre.
J’aime cette sensation intense, cette fraîcheur paisible sous ce ciel pur.