La Mort [B7]

Elle est grande et puissante, prend son envol lentement

Puis frappe aveuglément

Elle se laisse oublier un temps, puis rattrape

Ta grand mère, ton oncle ou un collègue

Tu décroches ton téléphone avec un mauvais pressentiment

Le son d’une voix saccadée, des pleurs

Tu comprends que rien ne sera plus comme avant,

Qu’une histoire a pris fin

Mais tu parles de la personne au présent sans vraiment intégrer

Qu’elle ne reviendra pas

Rapidement, tu penses à toi, comme à un domino

Qui vient de voir celui d’à côté chuter

Tu te demandes quand sera ton tour,

Dans combien de temps ?

On veut te faire croire à la fin éternelle,

Mais, scientifiquement, tu as de sérieux doutes

Elle est grande et puissante, prend son envol calmement

Puis frappe aveuglément

Il te reste un fauteuil vide, des photos et des souvenirs que tu crois indélébiles

Puis, tu y penses moins, tu t’habitues

Tu te dis, qu’elle était âgée, qu’il était malade, que c’est dans l’ordre des choses

Que la mort fait partie de la vie

Au fond de toi, tu sais que ton coeur aussi abrite une bombe à retardement

Et, pourtant, tu perds ton temps

Tu perds ton temps à ne pas aimer ou pas assez, à gaspiller des instants, des années

Alors que tu l’entends

Ce tic-tac qui résonne pendant que tu oublies ce que tu voulais faire quand tu étais petit

Alors, qu’un jour, pour toi aussi, il n’y en aura plus de demain

Parce qu’elle est grande et puissante, prend son envol calmement

Puis frappe aveuglément

Parfois elle recrute dans nos rangs des lieutenants et les nourrit

De haine, de colère et de folie

Pour frapper à sa place, pour aller plus vite, faire du chiffre avec encore moins de logique

Et tu restes scotcher devant la télé

Tu t’énerves, tu rumines, tu cries l’injustice et la vengeance puis tu vas te coucher

Tu as encore du temps à perdre, il ne faut pas te le voler

Une grosse voiture, une grande télé, le nouveau portable et la dernière machine à café

Faut profiter du vide avant de le retrouver

Parce qu’elle est grande et puissante, prend son envol calmement

Puis…

J’ai choisi d’oublier la fin, j’ai choisi d’oublier qu’il y avait une fin

Mais …

…

…

Tic-Tac

….

Tic-Tac

...

Tic